L’idée de ce numéro a commencé par une phrase toute simple, lancée en 2018 par un membre du comité de rédaction : au lieu de se pencher sur les restes du printemps érable, ne faut-il pas plutôt examiner l’institution qui en fut le terrain et le terreau, n’est-il pas temps de questionner l’université?
Poser la « question universitaire », c’est tenter de comprendre en quoi l’institution est en « crise ». Mais de quelle crise parle-t-on? La question peut être en effet abordée sous différents angles. La crise de l’université pourrait s’inscrire à la suite des politiques néo-libérales des années 1970 qui auraient fait entrée l’institution dans une économie du savoir régie par les critères de rentabilité et de productivité. C’est le thème de l’université-entreprise. La crise pourrait également résulter de la pénétration d’un débat de société dans son enceinte, comme c’est le cas, pour suivre le fil de l’actualité, de la question du racisme systémique. Ou elle pourrait être purement circonstancielle, une externalité négative provoquée par une crise plus grande, à l’image de la crise sanitaire mondiale engendrée par la pandémie de COVID-19. Quelle que soit la crise qui secoue l’université, elle exprime la crise d’unité en son sein et, ultimement, la crise des valeurs qui parcourt la société. En questionnant l’université, il est possible d’élucider le sens de la crise.
L’objectif de ce numéro est d’abord de retracer les grandes lignes du questionnement universitaire, comprendre quelles formes il a pris dans l’histoire, du Moyen Âge aux années 1960, pour enfin explorer les pistes et les horizons afin de repenser et rebâtir l’université. Parce que, au-delà des débats scientifiques internes, ce qui est en jeu, c’est son apport pour le bien commun. Car, derrière le questionnement de l’université, il y a donc une question plus grande, celle de la société et de son sens.