Idée philosophique aussi bien que lutte politique, l’antispécisme fait désormais partie du débat public : il façonne la pensée et les actions de militantes et militants pour qui ce qu’on inflige aux non humains n’a plus rien de nécessaire ou d’acceptable. L’antispécisme s’oppose fondamentalement à la conception anthropocentriste de l’univers qui considère les animaux des autres espèces comme des êtres inférieurs, des choses ou des ressources naturelles à notre disposition.
Nous sommes aujourd’hui nombreux·ses à souffrir de voir souffrir les animaux et à aimer les voir heureux et libres. La plupart d’entre nous avons du mal à regarder des reportages sur l’industrie de l’élevage et sur les laboratoires. Si la compassion envers les animaux a longtemps été rejetée comme de la sensiblerie enfantine, féminine ou comme une forme d’anthropomorphisme, elle est désormais bien appuyée par nos connaissances sur les capacités mentales et sociales des autres animaux. Nous ne pouvons plus prétendre croire que nous sommes les seuls êtres conscients sur Terre.
Ce numéro invite à imaginer un monde où la sentience de tous les animaux serait prise en compte, y compris celle des poissons. Un monde où des espaces de cohabitation interespèces remplaceraient les élevages. Un monde dans lequel les féministes et les animalistes seraient solidaires et dans lequel les algorithmes ne seraient pas spécistes. Un monde où les animaux vivants en ville ne seraient plus considérés comme des nuisibles. Ce numéro explore également la sexualité animale, il met en scène des extraterrestres amateurs de chair humaine, revient sur l’histoire de l’animalisme au Québec et sur les actions directes menées par les activistes, interroge les accusations d’anthropomorphisme et conteste le mythe de l’humain prédateur.
Ensemble, ces textes invitent à penser et à agir pour les animaux.