Ce numéro spécial de la revue Possibles se penche sur le thème des « résistances numériques ». Abordées dans une perspective progressiste, le numéro vise à apporter un éclairage sur un thème qui est examiné dans les écrits universitaires depuis plus d’une vingtaine d’années. Déjà au milieu des années 1990, le cyberespace avait été reconnu comme étant la prochaine étape de la lutte, et la pratique de la « désobéissance civile électronique » était mise à l’essai pour perturber les pouvoirs en place. Aujourd’hui, le concept de résistance par et pour le numérique est mobilisé pour signifier un éventail de pratiques allant de l’utilisation de techniques de piratage subversives aux détournements algorithmiques ainsi qu’au développement d’infrastructures numériques dites autonomes. Ces combats par et pour le numérique ont un riche passé ancré dans les luttes d’émancipation et de libération des peuples auxquelles ce dossier fait référence.
Ce numéro explore une diversité de pratiques, discours et phénomènes qui pourraient être caractérisés comme des formes de « résistance numérique ». Les contributions abordent des perspectives provenant de différents espaces géographiques ou culturels, en incluant la mise en lumière de cas situés en contextes québécois et canadien. Certaines adoptent une approche historique afin d’illustrer le développement des contestations numériques. D'autres s'attachent aux théories décoloniales, anticoloniales, féministes ou critiques pour, entre autres, repenser les infrastructures numériques et remettre en question le capitalisme numérique. Le chantier de la résistance numérique au Québec mérite qu’on s’y attarde sérieusement. Ce dossier vise à stimuler les imaginaires, les pratiques et les discours des mouvements sociaux afin d’insuffler un nouveau vent de résistance par et pour le numérique.