Les textes de ce numéro de la revue d’idées Possibles, dirigé conjointement par Chloé Savoie-Bernard et Kharoll-Ann Souffrant, cherchent à interroger les potentialités futures pour les communautés noires. En posant un regard critique sur ces territoires que l’on appelle aujourd’hui « Canada » et « Québec », les auteur·ices de ce numéro font éclater les frontières tant géographiques que temporelles, et ce, en mettant en lien divers espaces où les personnes noires ainsi que leurs descendant·es ont été déracinées par la violence de l’esclavage et la colonisation. De façon subversive, ils·elles proposent dans les pages de cette revue, qui a été fondée peu après la Révolution tranquille par des intellectuels notoires de la Belle Province, des pistes pour l’avenir des personnes afrodescendantes, par, pour et avec elles-mêmes, quitte à être obligé·es de partir du lieu où on a immigré pour retourner en Afrique à cause du racisme patent de la terre d’accueil : c’est ce que montre la nouvelle de David Yesaya présente dans ces pages. Avec verve et courage, ils·elles tissent des liens entre le passé et le présent sous une multiplicité d’angles et de formats. Il peut s’agir de la littérature afrofuturiste de Mélodie Joseph et d’Octavia Butler (Léa Murat-Ingles), de la pratique artistique du célèbre peintre Jean-Michel Basquiat (Tamara Thermitus), de la reprise de pouvoir à travers la musique de Janelle Monàe (Caroline Keisha Foray) ou encore du cinéma documentaire traitant de la réalité de l’immigration (Kantarama Gahigiri). Plus encore, ils·elles, plaident pour un retour aux sources, en prenant ancrage dans le Voudou Ayisien, outil psychologique de libération afrocentrée de nos Zanzet, (Kay Thellot) ou encore par une (re)lecture approfondie des écrits d’intellectuelles marquant·es, dont ceux ayant façonné Haïti, pour mieux contrer les tentatives de pervertir leur pensée et leur visée anticoloniale et postcoloniale (Stéphane Martelly). Enfin, ils·elles puisent dans la résistance de celles et ceux qui nous ont précédés notamment par le marronnage (Lourdenie Jean). Ultimement, toutes ces contributions convergent vers le même horizon, soit une praxis de la liberté.