Septembre 2023 : alors que s’achève le sommet annuel du G-20, forum inter-étatique regroupant les économies considérées les plus « développées », force est de constater, au-delà des pays absents, que la notion du Sud Global bat de l’aile. Si celle-ci avait su remplacer celle plus ancienne de Tiers Monde, aujourd’hui l’idée d’un « Sud Global » est elle aussi devenue anachronique. Ceci non pas seulement sur le plan des disparités économiques et contradictions politiques qui existent entre les pays qui le composent, mais même dans la manière dont on conçoit aujourd’hui le militantisme transnational.
En parallèle à ces changements géopolitiques, socioéconomiques et démographiques, on voit émerger aujourd’hui de nouvelles manières d’appréhender théoriquement les débats et les défis qui marquent les sociétés dites du Sud. Ces savoirs présents déjà, mais qui restaient dans les marges du savoir institutionnalisé et dominant, constituent une source d’explorations et de réflexions originales et critiques. Dans cet espace de théorisations critiques, les perspectives décoloniales, post-coloniales, intersectionnelles et écologiques y occupent une place importante.
Dans ce numéro, nous tentons d’explorer ce nouveau foisonnement théorique et proposons l’idée de PluriSud, néologisme qui fait écho aux efforts et écrits d’auteur·ices regroupés sous une autre néologisme, « Pluriverse », présenté dans l’ouvrage du même nom et qui a pour sous-titre « a post-development dictionary » (2019). Ici, PluriSud signifie mettre l’accent tout autant sur les réalités plurielles qui étaient cachées ou ignorées dans l’idée d’un Sud Global, que sur l’effervescente théorique actuelle qui privilégie la pluralité des savoirs, des cosmologies et des expériences vécues dans les marges du monde de la recherche universitaire occidentale. Enfin, le PluriSud héberge une pluralité de pratiques militantes émergentes, qui génèrent et alimentent les questionnements et réflexions théoriques critiques actuelles.