Ce numéro de la revue Possibles est tiré des conférences prononcées durant la 11ème Semaine de la citoyenneté organisée au Cégep du Vieux Montréal en avril 2021. La pandémie et ses confinements à répétition ont ravivé chez un grand nombre de gens, notamment les jeunes, la crainte des crises multiples à venir. Mais elle a eu aussi pour effet de permettre à la multitude de vivre en direct dans un monde qui connaît de profonds bouleversements. Dans ce contexte, il était impératif de se donner collectivement des raisons d’espérer. Car si le sentiment d’impuissance face à la crise environnementale est toujours très présent, le désengagement n’est pas une solution.
La Covid-19 a marqué une nouvelle rupture dans le long fleuve pas si tranquille de la mondialisation. La machine s’est enrayée et, de cet effondrement chaotique de la civilisation du pétrole, un monde-archipel a commencé à émerger, cherchant à rebâtir sur les décombres du néolibéralisme. La jeunesse a fort probablement contribué à ce renouveau du principe espérance. Juste avant la rupture pandémique, elle participait massivement au mouvement pour la justice climatique et sociale qui a culminé le 27 septembre 2019 avec la grande marche pour le climat organisée à Montréal. Ce qui s’est avéré la plus grande manifestation de l’histoire du Québec et du Canada.
Ce numéro s’inscrit dans la suite de ce mouvement. En publiant cette sélection de textes prononcés en 2021, nous espérons contribuer à redonner à cet élan qui a animé et inspiré la jeunesse en 2019. Nous souhaitons participer à la réflexion entourant la justice climatique et les solutions envisageables pour faire face à la crise écologique et sociale. Pour une autre suite du monde nous convie ainsi à réconcilier ce que les philosophes allemands nommaient le Zeitgeist et la Weltanschauung. Que l’esprit du temps qui anime la jeunesse militante puisse féconder notre vision du monde, afin que nous adoptions collectivement une posture résiliente et solidaire face à ce qui nous attend.