on m’a demandé de me présenter, mais ça m’indispose un peu, puisque mon sentiment le plus intime m’affirme, que dis-je, me hurle que je ne suis rien, que le petit je justement, ce christian-là (cet yvan, ce gaston), est le grain de sable dans l’engrenage d’une machine autrement parfaitement huilée (si je n’étais pas là, la nature resplendirait)
je est un monstre avide qui pompe les nappes phréatiques, rase les forêts, sature le web de son nombril jamais content au fond, toujours sous vide; je, c’est l’enfance geignarde, aveugle et trop vorace dont l’humanité doit sortir
on a tort d’isoler, de distinguer : je suis ce qui m’habite : mes bêtes, mes plantes; les gens, les œuvres; c’est du dehors à chaque fois, mon cœur (my core)
on est un fruit du monde, on est prégnant de lui, visage de la nature, incessamment irremplaçable, comme ce grain de pissenlit
c’est ce que me répètent mes images, sur tous les tons, au fil du temps, elles qui savent si bien (à mes yeux) survenir, s’effacer, faire écho, cohabiter de mille façons, pour former ce que j’appelle le drapeau de mon pays à moi, que j’appelais autrefois la panafrique universelle, qui est l’éternelle terre de demain, sans frontières, amoureuse de tous ses visages... où qu’elle soit
c’est dédié à l’enfance, en général, à la survie de la naissance, et particulièrement à trois ou quatre jeunes filles à qui je n’ai pas su ouvrir ma fenêtre un soir d’halloween
ça s’appelle, dans le désordre et entièrement à chaque fois :
du griot à l’aurore \ aurore griot \ moi, blanche afrique \ portrait de l’artiste en jeune fille \ dialogue de la nature et de la vie humaine \ d’yeux \ la nouvelle alliance \ une adoration \ de corps et d’esprits \ la maison du père