Résumé
Malgré le vaste consensus scientifique sur les capacités cognitives et émotionnelles des animaux, la prise en compte de leurs intérêts fondamentaux, de leur capacité de souffrir, de leurs capacités émotionnelles et relationnelles, pourtant fondées sur la science la plus récente, est encore parfois confondue avec de la sensiblerie et de l’anthropomorphisme. Bien sûr, pour quiconque cherche à entamer une réflexion rigoureuse sur notre rapport aux animaux, la prudence est de mise. Éviter l'anthropomorphisme, soit éviter de prêter des intentions ou des comportements humains à d’autres espèces animales, est une notion phare qui doit éclairer notre raisonnement. Les limitations qu’imposent nos propres référents dans l’appréhension du rapport au monde des autres animaux sont évidentes dans les façons dont les protocoles scientifiques sont conçus, notamment le test du miroir (ou test de Gallup). Toutefois, plutôt que de nier leur vie subjective, une prudence renouvelée envers nos réflexes anthropocentriques devrait bénéficier aux animaux et favoriser des démarches rigoureuses et exhaustives pour comprendre leurs ressentis. Les animaux militent de façon muette pour être considérés à l’intérieur d’une société plus juste qui les inclurait aussi et prendrait leurs intérêts en compte. Quand nous envisageons ce monde, le faisons-nous avec une part d’anthropomorphisme ? Ce terme est-il nécessairement péjoratif ?